Ancien mécanisme de l’horloge de l’église: Rencontre avec des passionnés.

A l’initiative de notre association, le samedi 16 mars, nous avons rencontré deux passionnés d’anciens mécanismes d’horloges en vue d’envisager la restauration de celui de notre église.

Il s’agissait de Monsieur Jean Baptiste Viot, grand horloger et de Monsieur Jérémy Kopacz, vice-président de l’AAEV (Association des amis de l’église de Villeconin) et secrétaire de l’AHCVV (Association de l’histoire cachée de Villeconin et de sa Vallée). Nous les remercions vivement pour nous avoir consacré plus de deux heures lors d’une visite détaillée avec des explications très enrichissantes.

Jean-Baptiste Viot.

Jérémy est un passionné d’horloges anciennes et il en a restauré plusieurs :

°) celle de l’église de Villeconin, une Amédée Borel datée de 1840 environ qui est toujours en cours de restauration,

°) celle de la commune de Boissy le Sec qui est bien plus grosse et lourde, une Paul Odobey,

°) une Niot obtenu auprès d’un particulier dans le Loiret, provenant de la salle des ventes de Nantes.

Les trois sont du 19ème siècle. 

Restauration du mécanisme de l’horloge de Villeconin par Jérémy Kopacz.

Monsieur Viot, qui a eu la gentillesse de nous adresser un chiffrage pour la remise en état, précise, je le cite :

« Cette horloge en fer a très probablement été construite avant l’utilisation du pendule pour réguler les horloges c’est à dire avant 1656, année de la présentation à l’académie des sciences par Christian Huygens de l’application du pendule aux horloges.
On peut avancer cette hypothèse grâce aux traces de modifications qui ont été faites pour transformer l’ancienne horloge à foliot en pendule, bien plus précise.
L’autre élément déterminant est la très grande longueur du pendule afin de l’adapter à la fréquence du foliot qui était beaucoup plus lente. Il était plus simple de fabriquer un pendule de 4m de longueur que de modifier le rouage de temps. (Un foliot peut faire une alternance en 2 secondes soit deux fois plus lentement qu’un pendule de 1m de longueur).
Il n’y avait que quelques éléments de l’échappement à remplacer pour effectuer cette transition technologique qui améliorait grandement la précision des garde-temps. C’est pour cette raison que des horloges à foliot non modifiées sont quasiment introuvables.
Cette horloge a donc une grande valeur patrimoniale car il est très rare que les pièces qui la composent soient conservées aussi complètes (peu de modifications du mouvement et pas de manques importants). Les boulons actuellement en place ont peut-être remplacé les clavettes. (les filetages sont taillés sur des méplats, à confirmer lors du démontage) Ce type d’assemblage confirmerait la grande ancienneté de ce mécanisme ( à première vue XVIe – début XVIIe siècle). Il n’y a pas d’éléments de style médiéval visibles.
Sur ce type d’horloge en fer, une datation précise est très hasardeuse. Un examen approfondi, notamment du mécanisme de sonnerie et une mention dans les archives permettraient de la préciser voire attester d’une époque plus ancienne.
Pour une présentation sans remise en fonctionnement, les éléments identifiés de l’horloge (une poulie de renvoi, une poulie de mouflage, un fragment de la tige du pendule, un support de pivotement pour roues et arbre de renvoi, et la manivelle) ne seront pas réintégrables dans le mouvement (éléments extérieurs ou trop encombrants). Seule la manivelle pourrait être mise en situation en prévoyant un dispositif antivol). Il faudra imaginer une présentation si on veut que ces éléments soient visibles du public.
Pour une remise en fonctionnement prolongée et fiable, il faudrait réinstaller le mouvement sur son emplacement d’origine dans le clocher. La hauteur de descente des poids est d’importance et le pendule est très long. Une remise en fonctionnement pour des démonstrations sur le site d’exposition est envisageable mais il faudra refaire (à première vue, car seul un examen approfondi durant le démontage pourra préciser la nature des travaux à effectuer) une palette de la verge (cassée), la suspension-ressort et la lentille du pendule (manques) et la bielle (inadaptée) ».

« Mouvement bien conservé dans son intégrité. A première vue, seul l’échappement a été modifié comme l’atteste les anciens trous de positionnement et fixation d’une ancienne potence, visibles sur la barre transversale en haut du mouvement ».
« Emplacement de l’horloge. Les deux fentes aménagées dans le plancher du clocher permettent le passage des câbles pour suspendre les deux poids-moteur. La fente de gauche, plus importante, atteste que le pendule, très long, traversait le plancher ».

Par ailleurs Stéphane Battais qui nous a accompagné lors de cette visite a fait de son côté quelques recherches. Dans des documents on mentionne deux interventions de maintenance en 1810 et 1827 sur notre horloge qui n’avait qu’une aiguille. Il semblerait que ce soit une horloge foliot, c’est la roue crantée qui lui laisse penser cela (Horloge à foliot, autour de 1300 jusqu’à 1657 environ).

Horloge à foliot, de1300 jusqu’à 1657 environ.

D’après la monographie napoléonienne de 1899 il est bien indiqué que l’horloge n’avait qu’une seule aiguille.

La restauration de ce mécanisme est depuis plus de 3 ans un objectif que s’est fixé notre association et est un élément phare de notre dossier en vue de participer au concours mécénat « Jeunes talents et patrimoine » du Crédit Agricole Ile de France (dossier préparé par Isabelle Roehrig assistée de Patrick et Isabelle Daviot, en cours de finalisation).

Nous ne manquerons de revenir vers vous pour reparler de la future restauration du mécanisme et du concours mécénat précité.

Encore merci à cette poignée d’irréductibles bénévoles qui poursuivent contre vent et marée les actions de cette association.

Patrick Daviot.

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