Les chatelains de Blancheface et Sermaise par Claude Hézard

Les chatelains de Blancheface et Sermaise

Nous sommes en 1328 à la mort de Charles IV roi de France, quelques années avant la Guerre de 100 ans qui dura officiellement de 1337 à 1448.

C’est l’époque des chevaliers, de leurs vassaux et des fiefs. Dourdan appartient au roi de France.

Dans la prévôté de Dourdan et le Bailliage de Dourdan (datant de 1329) le fief de Blanchefouasse appartient à la famille de Crosne et le suzerain du fief, Guérin de Crosne décide de construire un château pour protéger ses gens des bandes de pillards qui ravagent la région (en 1324). La chapelle castrale édifiée ensuite en 1328 a été consacrée à Saint Georges le 18 février 1329. Guérin de Crosne était écuyer de Robert II de Dreux.

 

Château de Blancheface : Elevage des porcs et nourriture des faisans.Cette figure représente le château de Blancheface tel qu’il devait être au 15ème siècle :     Enluminures du terrier de Marcoussis (1490) d’après publication du comte Durrieux.

Plan cadastral de la propriété ou se trouvait le château de Blancheface.

 

Il est difficile de suivre au cours des siècles, la propriété du château et de la chapelle de Blancheface, car au temps de la féodalité, Sermaise était le siège d’un grand nombre de fiefs plus ou moins importants dépendant de seigneurs différents. Nous avons représenté les arbres génealogiques des deux familles principales d’Ecrosnes et d’ Hémery qui ont possédé le château du début du 14ème siècle au 17ème (En PJ). Elles avaient de nombreuses branches. Les droits étaient en principe transmis aux fils aînés, mais pouvaient être divisées et ou transmis aux filles si les garçons n’avaient pas de descendance. Il ne faut pas accorder trop d’importance à cet essai de reconstitution qui comporte sans doute beaucoup d’erreurs en compulsant les arbres généalogigues.En particulier, l’ortographe des noms a été susceptible de changer au cours des siècles.  Il est compliqué de faire la différence entre les différents seigneurs ou dames possédant les terres, fiefs, ou le chateau ou même la paroisse ou le droit de justice ou le droit de chasse ce qui est le cas pour Sermaise et Blancheface.

Le château et la chapelle Saint Georges ont été construits entre 1324 et 1326 et la chapelle inaugurée le 18 février 1329 par Guérin d’Escrones. La famille d’Escrones est une famille très ancienne et fort connue en pays chartrain.

En 1207-1209, Garin I est le seigneur d’Escrones près de Gallardon.

Son petit fils Garin II alias Guérinot est en 1301-1304 un des écuyer attaché aux enfants de Philippe le Bel. En 1323 il est chargé de la procuration de Robert de Dreux. Il semble que ce soit lui le chatelain constructeur du château de Blancheface et de la chapelle castrale en 1329. Il eut deux enfants, d’Escrones Ameline, Dame d’Eclimont, et d’Escrones Renaud,né en 1290, qui épouse autour de1315 Dame Pernelle de Corbeil. Tous deux sont signalés comme dame et sieur de Blancheface dans des aveux de 1388.

Quelques générations plus tard, Pierre Descrones ayant épousé Catherine de Mazzis le 12 juin 1476 à Dourdan ( Jean de Mazzis est gouverneur de Dourdan) est signalé comme seigneur de Blancheface en 1455.

En 1497, leur fille Catherine Descrones  ayant épousé Gilles d’Hémery est signalée Dame de Blancheface(1497). La seigneurerie de Blancheface va passer à la  famille d’Hémery par ce mariage.

D’Hémery François puis d’Hémery David sont signalés comme seigneurs de Blancheface en 1587. D’Hémery Elisabeth en se mariant avec d’Aussy Jacques en 1802 lui apporte le fief de Blancheface (signalement 1618). Ensuite le fief passera à d’Aussy Louise et d’Aussy Jean VI.

 

Devenir du château et de la chapelle.

Le fief de Blancheface, son château et sa chapelle ont été possédé pendant plusieurs siècles par les familles d’Escrones et d’Hémery. Au 17ème siècle, il passa dans les mains de Guillaume de Lamoignon, seigneur de Baville, puis fut revendu à l’Hotel Dieu de Paris :

1662 : « Des biens saisis sur Jacques de Cistenay, chevalier, seigneur, baron de Blancheface, du Mesnil, la terre et seigneurie de Blancheface achetée, tant en fief qu’en roture, par Guillaume de Lamoignon pour 52.800 livres, revendue par lui l’année suivante avec le Mesnil (891 arpents) pour 45.800 livres à l’Hôtel Dieu de Paris. »

Archives de l’Hôtel Dieu de Paris.

Egalement cité dans « Chronique de Dourdan médiéval par C. Guyot page 362 :

La propriété resta à l’Hôtel Dieu de Paris jusqu’à la Révolution. Le château fut détruit à une date inconnue et remplacé par le « Prieuré » actuel. La chapelle ne fut pas touchée. A l’époque de la Révolution le prieuré est composé d’une grande ferme avec grange, écurie, vacherie, bergerie, porcherie, colombier.

A la Révolution, l’ensemble fut vendu aux enchères et eut de nombreux propriétaire pendant le 19ème siècle.

On retrouve la chapelle comme grange désaffectée au début du 20ème siècle par Mr Lucien Alix qui la revend le25 mars 1946 à l’association diocésaine de Versailles. La chapelle fut rendue au culte en juin 1946 après une rénovation au cours de laquelle Robert Lanz, peintre et illustrateur français, réalisa des fresques relatant la vie de Saint Georges. Une seconde série de travaux eut lieu dans les années 1990 sous l’égide de M. Georges Debono.

 

La famille d’Hémery

La famille d’Hémery fut également propriétaire de nombreux fiefs à Sermaise et dans les environs :

La commune de Sermaise était le siège de fiefs mouvants, tous dépendant de seigneuries différentes. La seigneurie de la paroisse relevait de celle de Milly en Gatinais et a été possédée par la famille d’Hémery au 14ème et 15 ème siècle : D’Hémery Jean est seigneur de la Mothe en 1400. Son fils est d’Hemery Pétrement meurt en1487. D’Hémery Gilles est seigneur de Sermaise en1520. Il est marié avec Catherine d’Escrones, Dame de Blancheface en1497.Ensuite, les héritiers d’Hémery se succéderont comme seigneurs de Sermaise, Blancheface, La Rachée, Mondétour ou Monflix au gré des « aveux » ou reconnaissances de vassalités. Le dernier seigneur de Sermaise, François d’Hémery vendit sa seigneurie à G. de Lamoignon en 1735.

 

Claude Hézard.

 

  

Article complet de Claude Hézard Les chatelains de Blancheface et Sermaise

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Limite de temps atteinte, merci de recharger le CAPTCHA.